18 d’octubre 2008

La reïna de la cançó hebraica



"El reialme de la cançó hebraica ha perdut la seva reïna." Aquests mots, reflexe d'un sentiment nacional, són els del ministre israelià de Cultura Limor Livnat, fa quatre anys, encabat del decés de Naomi Shemer. Les seves cançons, solc de la cultura israeliana, descriuen amb amor i poesia els paisatges, la història del país, i la quotidianitat del poble israelià. Malgrat la desaparició, les melodies de Naomi Shemer (1930-2004) continuen bressolant les noves generacions.


Une musicienne à Kvoutsat
C'est en Galilée, au bord du lac Tibériade, que naît Naomi Sapir. Entourée de son frère et sa sœur, elle grandit à Kvoutsat, un kibboutz que ses parents lituaniens ont aidé à fonder.
Très jeune, Naomi commence l'apprentissage de la musique, poussée par sa mère qui a noté les talents de sa fille. Bientôt, Naomi, à peine âgée de six ans, accompagne au piano les soirées de chants du kibboutz.
Plus tard, lorsqu'elle accomplit son service militaire, elle rejoint l'ensemble musical de l'unité du Nahal, chorale de Tsahal appelée à devenir le temple artistique de tout un pays et qui a vu naître en son sein les premières icônes de la scène israélienne.
Son service terminé, elle effectue un séjour à Jérusalem où elle étudie la musique à l'académie Rubin auprès des meilleurs musiciens et professeurs.
Premiers succès
De retour à Kvoutsat en 1951, Naomi se met à enseigner le rythme et la musique aux enfants, mais réalise vite que peu de chansons décrivent l'univers des tout-petits. Elle compose alors Le petit voyage, La poste est passée aujourd'hui, et d'autres titres encore, sans savoir que ses chansons seront reprises quelques années plus tard par l'illustre chanteuse Yafa Yarkoni, dans son album pour enfants.
A 26 ans, Naomi quitte les doux paysages galiléens de son enfance qui deviendront un thème majeur de son œuvre musicale. Ils lui inspireront l'une des plus belles chansons de sa carrière, Hourshat haecalyptus (Le bois de l'eucalyptus).
Installée à Tel-Aviv avec son premier mari, l'acteur Gidéon Shemer, et leur fille, elle écrit les paroles d'une comédie musicale intitulée Hamesh, Hamesh (Cinq, cinq) pour la chorale de l'armée. Les Israéliens, qui découvrent pour la première fois les talents de la jeune parolière, sont séduits. Le spectacle est un vrai succès.
Paris, La ville en gris
Plus tard, vers le milieu des années 1960, suite à son divorce, Naomi décide d'aller s'installer quelque temps à Paris avec sa fille.
Là, elle découvre avec enchantement la beauté de la langue française à travers les chansons de Brassens, avant de succomber aux charmes des mélodies de Brel. Elle traduit en hébreu plusieurs de ses titres, dont les très célèbres Ne me quitte pas, La chanson des vieux amants, Quand on a que l'amour.
Durant cette période, le thème dominant de ses créations musicales fait référence à son expérience parisienne : elle compose pour le Yarkon Bridge trio, groupe très populaire en Israël, le titre La ville en gris, qui deviendra un classique.
De retour en Israël, elle rencontre le deuxième homme de sa vie, le juge Mordechai Horowitz, dont elle aura un fils.
"Si je t'oublie Jérusalem... Toi qui es toute d'or"
En 1967, à l'occasion de Yom Haatsmaout (jour de l'Indépendance), le maire de la capitale israélienne, Teddy Kollek, organise un festival de la chanson israélienne sur le thème "La ville de Jérusalem".
Il demande alors à Naomi Shemer de composer une œuvre originale destinée à être interprétée lors de la deuxième partie de l'événement. Ce n'est qu'après de longues semaines d'hésitations que naîtra subitement, en une nuit, le plus grand succès de toute sa carrière : Yeroushalayim shel Zahav (Jérusalem d'or en hébreu).
Le 15 mai, jour du festival, dans la grande salle des Binyanei Haouma (palais des congrès) à Jérusalem, la chanson, interprétée par Shouli Natan, une jeune fille à la voix cristalline, touche l'auditoire au point qu'il faudra la reprendre deux fois. Deux semaines plus tard, après l'invasion par l'Egypte du détroit de Tyran, la guerre des Six-Jours éclate.
Pendant tout le temps du conflit, Yeroushalayim shel Zahav passe en boucle à la radio. Et lorsque les parachutistes de Tsahal entrent à Jérusalem-Est et atteignent le mur Occidental, c'est spontanément qu'ils entament l'hymne de Naomi Shemer, devenu le symbole du retour des Juifs à Jérusalem.
La voix du peuple
Les dons de Naomi Shemer - artiste complète - pour le chant et la composition se doublent du talent à mettre en musique les textes d'autrui et à adapter en hébreu des chansons étrangères.
Ainsi, en 1973, Let it be, des Beatles, traduit par Lou Yehi, devient l'hymne de la guerre du Kippour. Même chose après l'assassinat du Premier ministre Itzhak Rabin en 1995, lorsqu'elle met en musique le célèbre poème de Walt Whitman, Ô Captain ! My Captain !, devenu ô Rav Hovel.
Bien des personnes ont à ce moment l'impression que leur sentiment de tristesse a été transposé musicalement. Refléter les états d'âme de son peuple : voilà le vrai pouvoir des chansons de Naomi et le secret de son succès.
En 1979, lorsque sa sœur Ruthi devient veuve, Shemer compose Al kol eleh, Pour toutes ces choses, pour l'aider à surmonter cette épreuve. Ce chant, qui implore la protection divine sur tous les êtres chers à chacun, devient la prière de beaucoup.
En 1983, Naomi Shemer reçoit le prestigieux Prix d'Israël pour l'ensemble de son œuvre musicale, puis devient membre de l'Académie de la langue hébraïque. Elle décède à 74 ans, des suites d'une longue maladie.
Son enterrement a réuni au bord du lac Kinneret plusieurs centaines de personnes. A la demande de l'artiste, aucun discours n'a été prononcé, mais l'assistance a repris en chœur plusieurs de ses chansons.

Per Laure Wybier